Appelez moi... Yannick !
C'est probablement la première question la plus fréquente. La première qu'on me demande quand j'annonce ma transition.
Nul n'est tenu à l'impossible
Les gens me connaissent depuis 45, 30, 10 ans dans un corps et avec un prénom féminin. Je ne m'attends pas à ce que demain tout le monde se mette le prénom masculin en bouche ! J'ai déjà écrit un post sur le sujet "L'environnement aussi transitionne" Bien sur , c'est mon point de vue, je sais que certain trans sont plus intransigeant sur la question. C'est personnel à chacun. Je vous entends quand vous me dites que ça va être plus facile quand je n'aurai plus de sein et une barbe et c'est correct pour moi. Jusqu'à présent , les gens autour de moi font preuve de beaucoup d'effort et de respect et je crois que ce respect doit être mutuel.
En thérapie
C'est rarement par sagesse qu'on se retrouve en thérapie , dans mon cas c'est souvent parce que j'ai un instinct de survie démesuré ! Donc le printemps dernier je me suis retrouvé en thérapie. C'est dans le cadre de cette thérapie que j'ai pris la décision d'entreprendre la transition. ( je vais vous écrire un post un moment donné sur le "Pourquoi je n'en ai pas parlé avant?" Je n'ai pas terminé ma réflexion)
La sexo recommandait que les gens débutent déjà à s'adresser à moi au masculin. Or, j'étais dans une maison de thérapie pour "Femme seulement" ,( ouin ... le bon endroit pour faire la prise de conscience que de faire l'effort de ... était devenu insupportable.) Je n'ai jamais été et je ne serai jamais une femme. Or plus j'assumais cette réalité , plus je me sentais imposteur en la demeure ! Alors comment on allait composer avec ça ? La meilleure solution a été qu'en groupe, on allait continuer de s'adresser à moi au féminin mais moi j'ai cessé de me traduire. Même si d'un point de vue clinique , ça aurait été favorable qu'on commence à s'adresser à moi au masculin., ça aurait cause un problème dans le cadre de l'organisme. J'étais correct avec ça. .. juste le fait de ne plus avoir besoin de me dire autrement, "J’étais content de ne plus avoir besoin de traduire que j'étais contente !"
Ce qui m'invite à glisser cette parenthèse, au passage, sur les services en générale. Il y a des secteurs d'interventions "genré" , l'itinérance en est un mais n'est pas le seul. Je le dis encore, je me sens privilégié. L'organisme a particulièrement bien géré la situation , certains diront que j'ai accepté des compromis, peut-être , n'empêche que ce même organisme peut refuser des gens en cours de transition. Il y a peut-être des gains au niveau du politique , c'est à dire que depuis peu le changement de sexe à l'État est possible même avant chirurgie, mais concrètement sur le terrain, dans l'articulation des services , la personne trans peut rapidement se retrouver dans un "no man's land" , sur un territoire inoccupé, un désert de service ! Comme j'ai des amis intervenants qui suivent le blogue... je vous lance la réflexion ! Dans votre secteur d'intervention... on accueille comment la trans identité ?
À ma sortie
Alors à ma sortie ce que je craignais le plus ce n'est pas qu'on parle de moi au féminin ... c'était de devoir recommencer à endosser ce que je ne suis pas. La Sexo m'a conseillée de ne pas le faire , que je pouvais être étonné du peu de personne qui nous écoute vraiment quand on parle. Vous savez quoi ? Elle a raison !
Je laisse le temps au temps de faire son temps ... je réponds au deux prénoms encore ! Ça me touche quand vous m'appelez Yannick , ça ne me fâche pas si vous l'oubliez. Et je souris quand vous dîtes "Annick!"
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